L’un des plus beaux projets français de lieux de présentation de la création artistique vient donc de se réduire en cendres, François Pinault venant d’annoncer l’abandon de son projet de fondation sur l’Ile Seguin, à l’emplacement des anciennes usines Renault.
Je ne sais pas si cette défaite artistique est une défaite politique, l’avancement du projet ayant au cours des dernières années donné lieu à de multiples passes d’armes entre architectes-urbanistes, hommes politiques et administrations concernées, mais je suis déçu. Déçu que l’un des plus brillants hommes d’affaires français (brillant, mais pas nécessairement admirable, mais il n’est pas question aujourd’hui de sujets tels que l’affaire Executive Life) ait renoncé là où il aurait justement pu laisser la trace la plus durable, la plus lumineuse. Déçu qu’il n’ait pas su – ou pas voulu – mettre au service de la culture la machine de guerre qu’il a jusqu’alors si bien su déployer au service de la finance et de l’économie. Déçu que cette aventure ne se résume, au bout du compte, à un stérile et certainement inadéquat, quoiqu’en disent les parties, entre public et privé.
Ainsi donc, cettte fois-ci, la petite île de monsieur Seguin aura eu raison de la vision d’un loup de la finance. C’est une formule facile, je l’accorde, mais les raisons avancées et les conclusions que l’on en tirera me semblent tout aussi faciles. Nous en sommes tous les perdants.