Lu hier soir dans le Monde, un court article sur “l’essor de la télévision sur téléphone mobile”, à l’occasion du Milia, le marché international des loisirs interactifs se déroulant actuellement à Cannes.
Comme tout le monde s’y attendait depuis quelques années, le développement des réseaux à haut débit (3G) et la sophistication grandissante des téléphones mobiles rendent aujourd’hui possible ce qui, il y a seulement une dizaine d’années, relevait de rêve éveillé: il est désormais possible de regarder la télévision sur son portable.
L’auteur de l’article pose d’intéressantes questions sur les mutations économiques à venir dans le domaine des télécommunications, mais je m’interroge davantage sur les implications sociologiques de ces phénomènes, implications qui commencent déjà, hélas, à se faire sentir. Lorsque Mr Le Lay avoue “vendre du temps de cerveau libre à Coca-Cola”, tout le monde se penche sur le rôle, culturel ou non, social ou non, économique (eh oui), de l’étrange lucarne, d’une manière assez hypocrite il est vrai, tant l’histoire récente de l’audiovisuel a été marqué par des manœuvres retentissantes dans le domaine économique.
Mais la télévision est un médium à sens unique, et il n’y a finalement rien d’anormal ni de choquant à entériner le fait que les chaînes usent en toute liberté de leurs prérogatives, en diffusant ce qu’ils souhaitent quand ils le souhaitent. La téléphonie, par contre, est un outil de communication au sens propre. Les portables nous ont permis de nous affranchir des contraintes liées à la distance et au lieu. Le succès des SMS, l’essor des MMS, rendent la communication plus légère, plus souple, toujours plus instantanée. Que vient faire la télé dans tout cela ?
Il y a quelques mois, j’ai acquis un magnifique “smartphone”, qui m’a permis de réléguer aux oubliettes mon PDA, pour bénéficier en un même outil d’un téléphone, d’un agenda, d’un carnet d’adresses, d’un lecteur mp3, et également de recevoir et d’envoyer directement mes emails d’où que je me trouve, et de me promener sur internet pour accéder à la somme de connaissances que la toile renferme. J’ai naïvement pensé qu’en ces outils résidait le futur de la communication, que je pourrai bientôt héberger mon blog sur mon téléphone, consulter en direct un forum pour dépanner un ami qui m’appelle,… bref, que la communication allait devenir de plus en plus fluide, de plus en plus riche entre les gens.
Quelques mois et quelques appels à mon opérateur plus tard, je m’aperçois que ce futur relève de plus en plus d’une utopie, et que le téléphone de demain tel qu’il se dessine chez les opérateturs et les constructeurs sera plus une machine de loisirs faite pour regarder des images qu’un outil communiquant.
Paramétrer correctement mon portable pour accéder à internet n’a pas été chose facile, non pour des raisons techniques, mais parce que le service clientèle de mon opérateur était davantage formé à l’utilisation du wap ou de la vidéo qu’à la configuration des passserelles internet. Avec la 3G, de nouveaux forfaits apparaissent également chez les opérateurs, unifiant enfin ces nouveaux modes de communication, comprenant dans un même flux SMS, MMS, voix, données… Prometteur ? Sil l’on veut. Pour souscrire à l’un de ces forfaits tout en pouvant continuer à me connecter à internet, il faut encore attendre, cette option n’est pour quelques mois encore pas disponible. Télévision à la demande ? J’ai bien peur qu’une fois encore tout ne soit qu’une question d’offre, et que la demande n’ait à nouveau guère voix à la parole.