CEO, DG, DAF, DRH, RetD, ROI, CRM, B2B, SEO, PEA, OPCVM, FCPI, FIP, PERP, CMU (toutes mes pensées à celle que ces derniers concernent quasi-quotidiennement… ), WISP, WIFI, ISP, RSS, INSEE, UEM, OMC, PIB, …
Il y a peu de temps encore, il était de bon ton de dénoncer les jargons des spécialistes, les néologismes des professions. Aujourd’hui, nous vivons dans un monde où nombre des termes utilisés sont devenus des acronymes, certains connus des seuls initiés, mais pour la plupart cooptés, compris et utilisés par une frange délimitée de la population.
Des privilégiés ? Oui, à l’évidence, mais ce monde d’initiales est avant tout devenu un mode habituel et focalisé de communication, ni plus ni moins spécialisé que celui utilisé par les adolescents, que les SMS et le chat ont habitués à un langage de plus en plus abstrait, moins phonétique que symbolique. Il suffit de se promener sur leurs blogs pour en avoir la preuve. Ici se développe une véritable fracture du langage, amplifiée par la vitesse de communication et d’échange que seuls permettent l’internet et la téléphonie mobile.
La société industrielle du XIXème siècle, la naissance des médias de masse (presse, puis radio et télévision) avaient presque réussi dans leur objectif inavoué de “culture pour tous”. Il y avait certes toujours le parler bourgeaois et le parler populaire, puis le parler ville et le parler banlieue, mais le marquage était social, traduisant une échelle de valeurs davantage subie que choisie.
Il y a toujours eu une disparité de langages conrrespondant à une disparité culturelle. Certes. Mais nous trouvons aujourd’hui par contre dans une situation où le langage dénote une appartenance plus intellectuelle, et générationnelle, que sociale, où le niveau d’abstraction de l’expression fait que s’épaissit la barrière entre les langages utilisés. Les parlers ne sont plus concurrents, ils sont divergents. Et chaque génération semble s’isoler, se conforter dans sa compréhension et son utilisation de la langue. Au risque de se couper dramatiquement des autres.