La Chine, l’Iran et autres régimes extrêmes n’ont pas l’exclusivité de la répression de l’expression électronique, comme en témoigne les poursuites que la municipalité de Puteaux a engagé contre l’auteur de MonPuteaux.com, et portées aujourd’hui à la connaissance de la France entière par la une du quotidien Libération. De nombreux débats se sont – et vont – s’ouvrir sur le fonctionnement de la démocratie, les droits de l’individu, les responsabilités de l’hébergeur d’un site, etc… débats auxquels se sont joints de nombreux spécialistes de la loi et des médias.
Il est par contre un sujet évoqué par les démêlés de Christophe Grébert avec la justice: dans quelle mesure une voix s’élevant dans le cyberspace est-elle entendue, et, de manière plus générale, écrire ses pensées dans un blog, ou, pour une société, créer son site internet, suffit-il pour se faire connaître du monde entier ?
La réponse est non, bien sûr. Bon nombre d’entreprises, et non des moindres, oublient pourtant cette vérité première, et considèrent que le fait d’ouvrir un site leur vaudra des millions de visites, ou que celui de se mettre à la vente en ligne va instantanément démultiplier leur chiffre d’affaires. Pourtant, ces même entreprises n’oseraient pas imaginer éditer une plaquette comerciale sans l’envoyer à leurs clients et leurs prospects! Simplement, elles oublient que le référencement, la gestion du contenu, la création de liens, de partenariats, les campagnes d’emailing, sont des outils indispensables pour que leur site soit vu. Elles oublient de construire une démarche active en direction des internautes, et leur site internet ne leur sert guère plus qu’une palette de plaquettes oubliée dans un entrepôt.
Et les blogs ? Ils occupent en un sens une position particulière sur l’internet. Leurs particularités en font les chouchous des moteurs de recherche, leur mise à jour fréquente leur donne une visibilité dont rêveraient beaucoup de sites d’entreprises. Mais, d’un autre côté, ils n’échappent pas non plus à la règle, et la popularité de la plupart d’entre eux ne dépasse guère le cercle restreint des autres bloggers. Ce sont les médias, et la municipalité de Puteaux, qui ont donné une telle dimension au site de Christophe Grébert. Sans eux, ce blog serait resté dans l’anonymat.
Quelle que soit l’issue du procès qui se tient aujourd’hui, Christophe est le vrai gagnant, sa voix est maintenant audible à travers l’internet. J’espère que cette voix en incitera d’autres à s’exprimer, tout en sachant qu’il faut crier fort pour avoir une chance de se faire entendre.