A l’heure où se développent les médias en ligne, ou chaque organe de presse se doit d’avoir son extension sur internet, il est bon de se pencher sur l’avenir, tant économique qu’institutionnel, des sites de presse.
Le modèle économique des offres en ligne des médias écrits semble aujourd’hui s’unifier autour d’un postulat, pour les plus puissants du moins: offrons contre rétribution des services supplémentaires, et offrons gratuitement un accès de base à l’information imprimée aux autres. Ainsi, les derniers mois ont vu fleurir un certain nombre de services à valeur ajoutée, animations multimédia, accès aux archives et à l’actualité “à chaud”, accès direct aux dépêches de l’AFP ou de Reuters.
Mais quel est l’avenir de tels services, alors que l’information devient aujourd’hui, et à moindre coût, de plus en plus facilement disponible ? Alors que l’AFP vient d’ouvrir au public un accès gratuit à ses dernières dépêches, quel est l’avenir des services en ligne des médias traditionnels ?
La relativement récente vogue des blogs est en train de populariser une forme jusqu’alors inexploitée de diffusion de l’information: les aggrégateurs RSS. Ceux-ci permettent de visualiser et de regrouper localement sur son ordinateur les nouvelles informations en provenance de dizaines, voire de centaines de sites, en en mettant à jour les informations en temps réel. Il n’est jusqu’alors pas aisé, sinon impossible, de contrôler l’accès à ces informations, un simple copier/coller agissant en tant que sésame pour chaque fil RSS disponible.
L’invention de la presse à imprimer a été un vecteur décisif de la diffusion des idées et des opinions, comme l’a été celle de la découverte des ondes hertziennes ou de la démocratisation de l’internet. A chacune de ces révolutions, les médias dominants ont été challengés par de nouveaux modes de diffusion de l’information, tout en essayant de conserver leurs qualités fondatrices: une analyse plus en profondeur, plus critique, de l’information. Un avantage bien trop souvent mis en péril par les réalités économiques; le journalisme d’investigation est aujourd’hui hors de portée de bons nombres de médias généralistes, et ne trouve plus sa véritable expression que dans la presse spécialisée.
Faut-il en déduire pour autant que l’économie de l’information est à court terme condamnée, ou que le seul avenir des médias écrits est dans le multimédia ? Non. Je pense même le contraire. Je crois qu’une fois encore le salut viendra de la technologie, et que la technologie des flux RSS donnera sous peu naissance à de nouveaux modes de diffusion de l’information, tels que des fils sélectifs, personnalisés en fonction de l’abonné, ou des aggrégateurs “intelligents”, capables de collecter des informations provenant de divers flux selon des thêmes donnés. L’utilisation de cette technologie n’en est encore qu’à ses débuts, mais elle devrait très rapidement donner un sens différent à la manière dont la presse traite l’actualité.