Il est sans doute temps de revoir nos “anciennes” conceptions en regard de l’internet. La “toile” des origines, où les sites interconnectés les uns aux autres forment un réseau de plus en plus dense, n’est plus aujourd’hui un paradygme suffisant pour appréhender la manière dont l’information circule sur internet et se cristallise autour de sujets précis.
A cette toile, il convient aujourd’hui de substituer une matrice tridimensionnelle dans laquelle des sites ou des logiciels-relais, les aggrégateurs de fils RSS, les communautés virtuelles ou les portails tels que Yahoo News par exemple, offrent un moyen inédit de relier entre eux des sites sans connexion directe, de créer des raccourcis dans l’espace de l’internet, offrant à l’internaute de nouveaux moyens d’accéder à l’information recherchée. Ce genre de techniques, décrites très efficacement et précisément par Francis Pisani sur son blog lorsqu’il cherche à s’informer sur les attentats de Londres, donne une dimension nouvelle à l’internet, une troisième dimension sur laquelle surfer et dont le développement n’en est qu’à ses prémisses.
A nouveau paradygme (bien que le terme “nouveau” ne soit pas réellement adapté, cette “matrice” a été imaginée dès 1994 par William Gibson dans son livre “Neuromancer”, et de nombreux auteurs de science-ficition et chercheurs en ont développé depuis le concept), nouvelles pratiques et nouvelles attitudes.
Un article du Monde daté du 10 juillet reprend par exemple l’étude menée par deux chercheurs sur les relations entre la victoire du non au projet de Constitution Européenne et l’utilisation de l’internet. Bien que les conclusions en soient justes (les partisans du non ont bien mieux utilisé le Web que ceux du oui), l’analyse en est fausse. Les auteurs de l’étude partent d’une vision bidimensionnelle du Web, où les sites sont directement reliés les uns autres, négligeant cette troisième dimension constituée par les aggrégateurs publics ou les sites de recherche tels que Technorati. En effet, pour 295 sites recensés censés avoir eu autorité sur la question du référendum, combien de milliers de voix se sont faites entendre sur la blogosphère, chacune avec une influence non négligeable ?
[edit] au sujet de la puissance des blogs par rapport à un événement, voire ce billet (en anglais) sur Bazaarz, et celui-ci sur le blog du Radiant Marketing Group [/edit]
L’analyse des liens n’est plus suffisante. Les moteurs de recherche sont devenus un passage obligé de la recherche de l’information, et le fonctionnement du référencement sur ceux-ci bouscule bon nombre d’idées associées à un web bidimensionnel: désormais, pour se faire entendre, il n’est plus tout à fait nécessaire d’être déjà écouté (les liens), il suffit parfois de parler beaucoup (Technorati, BlogPulse et consorts).