J’écris donc je suis… Notre époque, si visuelle, est également devenue incroyablement textuelle. Blogs, réseaux sociaux, emails, chats, textos, bien plus que par l’image, notre besoin de communiquer ne s’est jamais autant fait sentir qu’à travers l’écrit.
Le langage prend des formes multiples, se condense, se fait instantané, exprime dans l’instant nos émotions et nos réflexions. Nos comportements conditionnent nos modes d’expression, et l’un des enjeux actuels de la communication est de trouver pour chaque message le meilleur canal de diffusion. Nous assistons à de surprenants phénomènes d’hybridation, telle que la diffusion cet été d’une nouvelle par téléphone portable, sur l’initiative de Virgin Mobile, tandis que de plus en plus d’institutions s’interrogent sur les moyens de communiquer avec les adolescents (tel le Harcum College de Philadelphie), pour qui SMS et messagerie instantanée ont remplacé les formes écrites traditionnelles.
Nos formes de pensée et nos modes d’expression ont-ils donc à ce point changé ? Non, et plutôt que de sélectionner un média en fonction de sa cible, je pense qu’il faut le choisir en fonction du message à délivrer. Nous avons à notre disposition une palette d’une richesse inédite, apprenons à en utiliser toutes les nuances. La lettre manuscrite suit la pensée, en prolonge le déroulement, s’exprime à partir du plus profond. Le clavier dérape, nous prend à contrepied, nous oblige à revenir sur une frappe imprécise ; factuel, il délivre les mots et les arguments, sans parfois en dévoiler tout le sens. Le texto est direct, sans repentir, va à l’essentiel, nous parle parce qu’il peut nous mettre à nu sans prévenir. Le chat est plus léger, nous permet d’exprimer le brouillon de la pensée, il est le messager des fantasmes et des impulsions.
Se priver de l’un, ou de l’autre, c’est se priver du plaisir de s’exprimer.