La mode du tout collaboratif prend parfois de bien curieuses tournures, et n’épargne aucun domaine, hélas, y compris ceux pour lesquels les jugements personnels n’engagent que ceux qui les formulent, comme c’est le cas pour les oeuvres d’art.
Alors que, sur bien des sujets, “l’intelligence collective” (un sujet sur lequel Francis Pisani a récemment mené d’intéressantes réflexions) est une voie permettant d’enrichir un contenu ou un corpus de connaissance, l’art est un domaine dans lequel la modération et le consensus sont affreusement réducteurs.
Une constatation qui n’a semble-t-il pas arrêté les créateurs de Art Face Off, dont le but est de mettre en concurrence les oeuvres des artistes artistes s’inscrivant sur le site. L’initiative, qui a récemment fait l’honneur d’un billet surTechCrunch comme sursa version française, a au moins un mérite: celui de montrer les limites de l’intérêt d’une démarche purement “web 2.0”. La censure, celle qui consisterait à ne laisser la parole qu’à des experts autorisés, n’est bien sûr plus un modèle satisfaisant de diffusion de l’information. Mais la mise en avant de l’avis général contre l’opinion personnelle l’est encore moins. Bien des modèles culturels, autant sinon plus que des modèles économiques, sont aujourd’hui remis en question.