Un néologisme barbare en guise de titre, mais il est difficile de passer à côté de la polémique soulevée autour de “Le Web 3” et de l’initiateur de l’événement, Loïc Le Meur, tant celle-ci enflamme depuis quelques jours les médias, qu’il s’agisse de blogs influents comme TechCrunch, dont la version britannique a été le siège d’une note controversée (et avec virulence par Loïc Le Meur lui-même, semble-t-il), Pointblog ou Embruns, ou qu’il s’agisse de médias traditionnels tels que le Monde.
Au-delà d’une bataille d’egos exacerbés, l’affaire anecdote met en lumière certains atavismes des blogs, qui les font privilégier l’informoition à l’information, et risque fort, pour un moment encore, de leur refuser le statut de source d’information fiable.
Nés en tant qu’outils d’expression personnelle, les blogs le sont à l’évidence restés, malgré la professionnalisation de certains d’entre eux. Ils expriment l’opinion de leurs rédacteurs, et non celle que leur confère leur identité propre, et le licenciement de Sam Sethi en est la malheureuse conséquence. Les blogs sont en cela l’équivalent numérique des chroniques de la presse écrite, et ont encore un long chemin à faire avant de pouvoir prétendre à davantage.
La difficulté existant à légitimer un blog de marque est une autre de ces conséquences. Comment faire s’exprimer de manière pérenne et crédible une entreprise, lorsque seule la voix d’une personne ou d’un groupe peut être entendue ? La personnification des marques et des entreprises est tout autant un frein à leur communication qu’une réponse à un besoin de proximité avec les consommateurs. Un paradoxe que les blogs ne parviennent pas à résoudre…
Un autre des aspects “pervers” des blogs découle de leur nature participative elle-même. Les commentaires prennent parfois le pas sur les billets, la réaction à chaud sur l’information raisonnée, le pathos sur l’ethos. Ce n’est pas tant la critique du Web 3 par Sam Sethi que le commentaire de Loïc Le Meur qui a mis le feu aux poudres, et la polémique elle-même s’est déplacée sur le terrain de la politique par le jeux des commentaires sur l’intervention de Nicolas Sarkozy lors de l’événement.
Comment, dès lors, redonner à l’information, même s’il s’agit de journalisme d’opinion, un tant soit peu de priorité ? La généralisation d’outils tels que Netvibes et de l’utilisation des flux RSS pourrait permettre de séparer à bon escient billets et commentaires. Mais est-il nécessaire de les dissocier ? N’est-il pas plutôt temps pour les sites d’information en ligne, présents aujourd’hui sous la forme de blogs, de partir à la recherche d’un autre modèle ? Ce pourrait alors être la prochaine “killer app” de l’internet, et la naissance d’une nouvelle forme de presse écrite. Rêvons…