The internet archive, créé en 1996, est pour moi une source de plaisirs ineffables et toujours renouvelé. En archivant les pages de milliers, voire de millions de sites aujourd’hui disparus, il est possible de se recréer une idée, même partielle, des temps héroïques ou Flash, rich media et Java n’étaient même pas nés dans l’esprit de leurs développeurs. Une sorte d’ur-web, d’internet primitif d’où sont venues toutes les techniques actuelles du multimédia, de l’e-marketing et de l’interactivité que nous connaissons.
Malheureusement, la poésie et l’intérêt historique ne sont pas des valeurs universellement goûtées, et The Internet Archive fait aujourd’hui les frais des batailles d’avocats. Un procès en cours aux Etats-Unis met en effet en cause ce merveilleux outil au nom d’un décret sur la fraude informatique et du célèbre Digital Millennium Copyright Act tant décrié lors de son entrée en vigueur. Une firme d’avocats aurait en effet utilisé The internet archive dans le but de prouver une violation de propriété intellectuelle, se rendant ainsi coupable d’accès à des pages protégées par cette même propriété intellectuelle.
Querelle byzanthine, querelle d’avocats, mais qui risque de nous priver d’un instrument de travail et d’émerveillement unique en son genre. Pendant qu’il en est encore temps, n’hésitez pas à parcourir ces archives dont les plus anciennes remontent à il y a à peine neuf ans, et savourez le chemin parcouru sur le web en ce laps de temps. Visitez également Ghost Sites, autre écho de l’internet disparu, ou jetez un œil sur le Dead Media Project, maintenu par l’écrivain américain Bruce Sterling, répertoriant des articles parus sur tous les médias aujourd’hui disparus, du cyrographe au daguerréotype, tous deux en anglais.