Lu aujourd’hui dans le Monde, la page consacrée au phénomène des blogs adolescents. Ma génération étant plutôt celle de la “blank generation”, telle qu’immortalisée par Richard Hell en 1977, je ne peux que m’interroger sur la portée sociologique d’un tel phénomène. Que la radio Skyrock soit aujourd’hui l’hébergeur de plus de 2 millions de blogs sur les 2,7 millions existants tels que les recense l’article n’est pas non plus sans me poser des questions.
On ne peut que se réjouir du fait que certains aspects du web se démocratisent, qu’il est aujourd’hui possible – et facile – à tout un chacun de s’exprimer à l’intention de plusieurs centaines de millions d’internautes, mais qui, au fond, est à terme le gagnant de cette prolifération de voix ? Le contenu ? Ou, une fois encore, le contenant ? Car il serait bien hasardeux de ne pas croire que les plus prompts à tirer leur épingle du jeu soient les plate-formes sur lesquelles fleurissent les sites personnels, ou les fournisseurs de ces technologies.
Aujourd’hui, des millions, voire des milliards, de SMS sont échangés chaque jour, à l’immense bénéfice des seuls opérateurs de téléphonie mobile, bien que certaines tentatives (voir :/n/e/t/surf par exemple) commencent à voir le jour et tentent de donner aux textos leurs lettres de noblesse.
Il serait plus que dommageable de ne considérer les blogs qu’à l’aune de leur succès marketing, et de n’analyser leur portée qu’à l’échelle de leur nombre. Certains blogs sont un apport considérable à la connaissance ou à la vie pratique, fournissent des clefs inédites, remplissent un rôle culturel indéniable, ne laissons pas la vaste entreprise commerciale qui aujourd’hui se profile derrière le phénomène blog prendre le contrôle de cette expression généreuse, comme cela a été par exemple le cas dans l’industrie du disque, au dépens de nombreuses compagnies indépendantes.