Depuis bientôt quinze jours que j’ai rescucité ce blog, j’ai eu l’occasion de mesurer à quel point les années noires de l’internet sont derrière nous. De nouvelles technologies, de nouvelles idées naissent chaque jour, avec le pouvoir de bouleverser potentiellement la manière dont nous travaillons, la façon dont nous communiquons. Depuis quelques temps, l’éther bruisse d’initiatives collaboratives, de convergences et d’expériences. Aussitôt formulées,quantifiées…
Je suis surpris de voir à quel point l’internet, redevenu champ de tous les possibles, est également devenu terrain de chasse de tous les pragmatismes. Chaque tentative, avant même d’exister, est soupesée, graphée, analysée, des études très sérieuses sont menées sur des phénomènes qui n’ont pas même prouvé leur viabilité. A l’ère présupposée du Web 2.0, les tableaux Excel semblent être redevenus l’arme suprême, et le retour sur investissement précède désormais le contrôle des cartes d’embarquement.
L’un des slogans phare de mai 68 était: “cours, camarade, le vieux monde est derrière toi”. Par nature, l’internet est libertaire. Ses apports les plus marquants ont toujours été le fait d’individus atypiques, de communautés marginales, quel que soit le niveau de reconnaissance, conceptuelle ou économique, qui s’en soit suivi. Le marketing a mis des années avant de reconnaître sa propre dimension intuitive et d’acéder à une réelle dimension stratégique. Malgré tout, tout se passe à nouveau comme si le nouveau devait être mesuré à l’aune de l’ancien, comme si chaque initative devait être quantifiable en temps réel.
Je doute que le monde du futur puisse être aisément être cartographié avec les outils d’aujourd’hui. Oublions un temps les graphes et les analyses, et laissons la créativité s’exprimer. Parions sur l’intuition, sur la passion, ce sont les seuls outils de mesure qui nous permettent réellement d’entrevoir ce que nous vivrons demain.