[font color=”IKB”] Yves Klein [/font]

Du bleu, bien sûr. Puis du rose, qui dessine des paysages martiens tout aussi réalistes et plus évocateurs encore que ceux du film actuellement projeté à la Géode, “Objectif Mars”. Puis de l’or, qui fait vibrer les surfaces, occulte les reliefs dans la lumière. Puis de l’eau, de l’air, du feu… De la matière et de l’immatière. Merveilleuse exposition Yves Klein, présentée au Centre Georges Pompidou.

Merveilleuse dans sa conception, car dans chaque salle, un montage des bandes sonores et interviews de l’artiste décode pour le visiteur sa vision si particulière, en un parcours spécialement dessiné pour être à la portée d’un enfant, mais s’adressant à tous avec bonheur.
Merveilleuse surtout parce qu’elle nous permet de retrouver l’ensemble de l’oeuvre d’un artiste sur bien des plans visionnaire.

Tel Prométhée, Klein s’était attelé à la tâche surhumaine de dompter les éléments pour y puiser une expérience unique pour le spectateur. Au gré des articles souvent passionnant du catalogue, on découvre des références au Japon, à l’activisme viennois,… Mais c’est bien plus au travail de Dan Flavin que nous renvoient ses monochromes, l’immersion dans un univers où ne subsiste que la couleur, une couleur apprivoisée, brevetée IKB, et régurgitée pour changer notre vision du monde. “La terre entière est bleue”, proclame-t-il en peignant son “globe terrestre bleu” en 1962.

Les travaux réalisés avec l’eau, avec le feu, avec l’air, avec le corps humain, sont autant d’expériences fascinantes nous entraînant à percevoir autrement, globalement, le monde dans lequel nous vivons. Une perception qui représente d’ailleurs une piste fabuleuse d’exploration de l’univers numérique qui constitue aujourd’hui notre quotidien. Notre identité, telle qu’elle se dessine peu à peu sur l’internet (voir par exemple à ce sujet ce billet de Fred Cavazza), est une identité morcelée, éclatée entre des composants de plus en plus nombreux. Ne devrait-on pas, au contraire, chercher à reproduire (ou à produire) une vision globale de nous-même, utiliser ces nouveaux modes d’expression de manière moins ciblée (au sens marketing du terme), plus holistique? Un univers dans lequel tout reste à explorer, en considérant l’information pour ce qu’elle: une matière élémentale, en cela guère différente du feu ou de l’air, dont la forme et l’interaction avec nous peut être façonnée à loisir, à l’instar de projets menés par certains artistes comme Joshua Davis.

This entry was posted in Vu, lu ou entendu. Bookmark the permalink.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Loading Facebook Comments ...