Parmi les mots à la mode les plus (mal) utilisés en entreprise se trouvent, vous l’auriez deviné, les mots “communautés” et “réseaux”. Un des effets collatéraux du Marketing 2.0 est, au-delà de la concrétisation d’un nouveau mode de relation entre marques et clients, de faire prendre conscience aux directions générales du potentiel que recèle le travail collaboratif.
De fait, les entreprises, notamment les plus grosses, ont déjà mis en place des communautés internes depuis quelques années, souvent sans réellement comprendre la manière d’énergiser et de mettre à profit leur force, mais des expressions sans queue ni tête telles que « un Facebook pour l’entreprise » commencent aujourd’hui à faire leur chemin dans les esprits et les discours des top managers. Les vendeurs de plateformes sociales ne sont pas en reste : la promesse de Socialtext est « Social Networking with Enterprise 2.0 Collaboration » (le réseautage social allié à la collaboration de l’Enterprise 2.0) ; Jive Software présente son produit phare SBS comme « robust social networking software for employee communities » (un robuste logiciel de réseautage social pour les communautés d’employés).
La technologie elle-même, en introduisant de plus en plus de possibilités d’interaction en temps réel dans les plateformes, contribue à brouiller encore d’avantage les lignes entre communautés et réseaux.
Les deux concepts ont leur place dans l’entreprise connectée. Non seulement la compréhension de ce qui les différencie est une des clefs du succès dans la mise en place d’initiatives socio-collaboratives, mais s’appuyer sur leur complémentarité, nous fournit un cadre et des briques utiles pour aborder l’écosystème interne de l’Entreprise 2.0.
Communautés | Réseaux | |
Structure | Stable | Floue et adaptative |
Périmètre | Conservatif – Prémimètre prédéfini | Disruptif – Périmètre global |
Objectifs | Collaboration dans le temps | Spécifiques |
Gouvernance | Leadership managé | Leadership organique |
Niveau d’intégration dans les flux existants | Service/ Rôle | Projet / Tâche |
Mode d’interaction | Essentiellement asynchronous | Temps réel |
Adoption | Graduelle, basée sur des usages | Spontanée, basée sur l’affinité |
Plutôt que se combattre l’un l’autre, communautés et réseaux peuvent, bien que servant des objectifs différents, élever le niveau du « travail connecté » en entreprise. La nature fluide et hautement interactive des réseaux leur permet d’adresser des questions qui sortent du cadre d’une communauté unique. Il existe une vaste littérature sur le besoin, ou l’absence de besoin, d’intégrer la production communautaire au sein des processus business existants. Je pense quant à moi que le fait de travailler dans un environnement connecté conduira fatalement au remplacement des processus actuels par de nouveaux mécanismes adaptatifs axés sur l’individu et ses compétences, et cette vision peut déjà être mise à profit : correctement guidés (et compris, ce qui signifie qu’ils ne doivent pas être confondus avec les communautés), les réseaux en ont la puissance nécessaire.