Le savoir, de source à composante de la productivité

Ecollab le blog carnival sur le social learning

Ce billet est cross-publié sur le blog carnival ecollab dans le cadre d’une réflexion collective sur l’avenir de la formation en entreprise.

Productivité : rapport entre la production d’un bien ou d’un service et l’ensemble des intrants nécessaires à sa production (travail, équipement et capitaux).

L’entreprise a depuis longtemps compris, et intégré, l’importance de la formation dans sa recherche permanente d’avantages compétitifs. Dans sa dimension opérationnelle, tout d’abord, l’apprentissage permettant une meilleure adéquation entre les employés, le rôle qu’ils occupent, et la « mécanique » hiérarchique et procédurale de l’entreprise.  Dans sa dimension compétitive, ensuite, l’acquisition de nouveaux savoirs étant pour l’entreprise à la fois un moyen de retenir les talents et celui de mettre en place un écosystème propice à l’innovation. Dans les deux cas, l’apprentissage a acquis une place privilégiée dans l’univers professionnel, et est ouvertement reconnue comme source importante de productivité.

Il est d’ailleurs frappant de voir à quel point cette notion, celle de l’acquisition raisonnée d’un savoir explicite et formalisé, statufié, en vue de maximiser la productivité individuelle, trouve un écho dans la société toute entière, établissant des passerelles de plus en plus étroites avec le monde de l’éducation, notamment à travers la pratique généralisée des stages. Une notion qui, pourtant, cesse aujourd’hui d’être légitime.

En s’appuyant en apparence sur des raisons de sécurité et… de productivité, la tendance actuelle des entreprises à  bloquer l’accès aux grands réseaux sociaux apparaît davantage comme une tentative désespérée de nier les changements sociétaux en cours. Alors que 40% des employés accèderont prioritairement à l’internet via un terminal mobile d’ici deux ans, comment expliquer autrement des mesures aussi dérisoires ?  Qu’elles le veuillent ou non, les entreprises devront faire face à un véritable dilemme organisationnel : laisser s’effondrer la productivité individuelle, en autorisant leurs employés à accéder librement au web social, ou leur offrir en interne un environnement de travail aussi attractif que ce qu’ils trouvent à l’extérieur. Cette entreprise parfaite restant, et ce pour de longues années encore, un idéal difficilement accessible, d’autres solutions doivent être envisagées pour la majorité des entreprises. La plus pertinente ? Elle va de soi pour bon nombre d’entre nous : il s’agit de reconnaître l’importance de l’acquisition informelle du savoir, et d’inclure cette activité dans le cadre d’un travail de veille et d’auto-formation de l’individu.

L’importance croissante du savoir implicite, et sa nécessaire intégration à l’apprentissage, ne s’arrête pas à l’influence extérieure. Qu’elles le souhaitent ou non, les entreprises sont aujourd’hui entraînées dans une démarche collaborative qui remet en question les fondements même de la productivité individuelle. Celle-ci devra, de plus en plus, être déléguée à la communauté, dont l’une des fonctions naturelles est l’apprentissage par le biais du partage de savoir implicite.

Aujourd’hui considéré, dans nos structures hiérarchiques à base de processus, comme source de productivité, l’apprentissage va très logiquement et rapidement en devenir une des composantes essentielles, modifiant ainsi les rapports aujourd’hui en place entre savoir, innovation et production. De façon concrète et naturelle, le social learning ouvrira de fait la voie à l’Entreprise 2.0.

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‘Communities’ and ‘Networks’: A Conceptual and Linguistic 2.0 Mess

Among the most overheard and misused buzzwords in companies are, you guessed it, ‘communities’ and ‘networks’.  One of the side effects of Marketing 2.0 is, besides embodying new relationships between brands and customers, raising awareness among top managers about the potentials of collaborative work.

Of course companies, particularly the biggest ones, are dealing with internal communities for a few years now, often without truly understanding how to energize and leverage their power, but goofy expressions such as “Facebook for Enterprise” are now making their way into executives wish lists and discourses. Social platforms vendors aren’t helping either. Socialtext’s claim is ‘Social Networking with Enterprise 2.0 Collaboration’; Jive Software presents its SBS software as “robust social networking software for employee communities”. An awful 2.0 mess…

Jive SBS: communities and networks, a conceptual mess

socialtext: communities and networks, a conceptual mess

Technology itself, introducing more and more real-time capabilities into platforms, contributes further in blurring the lines between communities and networks.

Both concepts have their place in the connected Enterprise. Not only is the understanding of what differentiates them is key to successfully implement socio-collaborative initiatives, but harnessing their complementarity also provides us with a valuable framework of building blocks to leverage the internal ecosystem of Enterprise 2.0.

Communities

Networks

StructureStableSelf-arranging and complex
ScopeAdaptive – Defined perimeterDisruptive – Global perimeter
GoalsCollaboration over timeSpecific
GovernanceManaged leadershipOrganic leadership
Level of integration into existing flowsDepartment / RoleProject / Task
Interaction modeMostly asynchronousReal time
AdoptionGradual, built on purposeAffinity based, spontaneous

Rather than fighting each other, communities and networks may, while serving different purposes, raise quality of connected work inside enterprise. Being fluid and highly interactive, networks can address specific issues out of the scope of a single community. They can be setup on demand, self-arrange to solve problems, then dismantled or put at sleep once the issue resolved. Networks act as powerful ad hoc task forces, their power amplified by real-time tools. Lot has been written about the need or not to embed community-based outcome into existing business processes.  I do believe than working in a connected environment will ultimately lead to replace our actual processes by some new adaptive individually empowered mechanisms, and we can already put this vision at work: correctly driven (and understood, which means they must not been implemented as a substitute for communities but built ASIDE them), social networks have the tremendous power to deliver.

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“Communautés” et “réseaux”: une salade 2.0 de concepts et de vocabulaire

Parmi les mots à la mode les plus (mal) utilisés en entreprise se trouvent, vous l’auriez deviné, les mots “communautés” et “réseaux”. Un des effets collatéraux du Marketing 2.0 est, au-delà de la concrétisation d’un nouveau mode de relation entre marques et clients, de faire prendre conscience aux directions générales du potentiel que recèle le travail collaboratif.

De fait, les entreprises, notamment les plus grosses, ont déjà mis en place des communautés internes depuis quelques années, souvent sans réellement comprendre la manière d’énergiser et de mettre à profit leur force, mais des expressions sans queue ni tête telles que « un Facebook pour l’entreprise » commencent aujourd’hui à faire leur chemin dans les esprits et les discours des top managers. Les vendeurs de plateformes sociales ne sont pas en reste : la promesse de Socialtext est « Social Networking with Enterprise 2.0 Collaboration » (le réseautage social allié à la collaboration de l’Enterprise 2.0) ; Jive Software présente son produit phare SBS comme « robust social networking software for employee communities » (un robuste logiciel de réseautage social pour les communautés d’employés).

Jive SBS: communities and networks, a conceptual mess

socialtext: communities and networks, a conceptual mess

La technologie elle-même, en introduisant de plus en plus de possibilités d’interaction en temps réel dans les plateformes, contribue à brouiller encore d’avantage les lignes entre communautés et réseaux.

Les deux concepts ont leur place dans l’entreprise connectée. Non seulement la compréhension de ce qui les différencie est une des clefs du succès dans la mise en place d’initiatives socio-collaboratives, mais s’appuyer sur leur complémentarité, nous fournit un cadre et des briques utiles pour aborder l’écosystème interne de l’Entreprise 2.0.

Communautés

Réseaux

StructureStableFloue et adaptative
PérimètreConservatif – Prémimètre prédéfiniDisruptif – Périmètre global
ObjectifsCollaboration dans le tempsSpécifiques
GouvernanceLeadership managéLeadership organique
Niveau d’intégration dans les flux existants
Service/ RôleProjet / Tâche
Mode d’interaction
Essentiellement asynchronousTemps réel
AdoptionGraduelle, basée sur des usagesSpontanée, basée sur l’affinité

Plutôt que se combattre l’un l’autre, communautés et réseaux peuvent, bien que servant des objectifs différents, élever le niveau du « travail connecté » en entreprise. La nature fluide et hautement interactive des réseaux leur permet d’adresser des questions qui sortent du cadre d’une communauté unique. Il existe une vaste littérature sur le besoin, ou l’absence de besoin, d’intégrer la production communautaire au sein des processus business existants. Je pense quant à moi que le fait de travailler dans un environnement connecté conduira fatalement au remplacement des processus actuels par de nouveaux mécanismes adaptatifs axés sur l’individu et ses compétences, et cette vision peut déjà être mise à profit : correctement guidés (et compris, ce qui signifie qu’ils ne doivent pas être confondus avec les communautés), les réseaux en ont la puissance nécessaire.

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The New Laws of Attraction: Management as Transformation of Value

It is quite striking to see how much the mass production era still shapes a lot of our behaviors, whether in our relationships to brands or in Enterprise world. From a customer point of view, while conversing more and more with brands around what I consider as a symbolic transaction, we are still mostly considering companies as products and services manufacturers and distributors.

In parallel, “work as value” is still a dominant paradigm in a lot of companies, which, at same time, are trying to implement 2.0, socio-collaborative, tools and platforms to foster knowledge emergence and capitalization. This is strikingly strong in countries like France, where our President said “travailler plus pour gagner plus” (working more to earn more) less than two years ago. Let’s face this, every effort to facilitate Enterprise 2.0 adoption has to take into account, not only structural resistance, but cultural artifacts from a past era.

Most employees have quite effortlessly switched paradigm, from “work as value” to “work as creation of value”, as it relates both to their day-to-day experience as customers and to their expectations in Enterprise world, but managers are facing a bigger challenge, as they are less and less connected with a traditional (pre knowledge economy era) role of managing teams, and expected to consider management as transformation of value. As obvious as this might be, seem from our Enterprise 2.0 heralds’ seats, we have to keep in mind that organizational and behavioral gap: from gatekeepers of business processes, managers must now dynamically harness existing knowledge to transform it into competitive advantages for their company; a tough challenge for most.

Furthermore, while bringing more agility, adoption of collaborative tools and platforms, whether used in the existing framework of business processes or not, allows for a new type of leadership, combining knowledge fostering with social connections facilitation. Managers will now have to catalyze groups and communities activity, involve them in decision-making as well as in maintaining their inner state of equilibrium, acting as the strange attractors of a complex internal ecosystem.

From their real adoption of what is clearly a totally new role, a role which requires more qualities than ever, will depend success or failure of many companies in this new socio-collaborative economy.

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Les nouvelles lois de la gravitation: le management en transformation de valeur

Il est assez frappant de voir à quel point l’ère de la production de masse conditionne encore bon nombre de nos comportements, qu’il s’agisse de nos relations envers les marques ou à l’intérieur des entreprises. Du point de vue d’un client, bien que nouant de plus en plus de relations avec les marques autour de ce que je considère avant comme une transaction symbolique, nous continuons à voir les entreprises en tant que fabricants et distributeurs de produits ou des services.

Parallèlement, le « travail en tant que valeur » est toujours le paradigme dominant dans de nombreuses entreprises, entreprises qui, dans le même temps, essayent d’implémenter des outils sociaux-collaboratifs  et des plateformes 2.0, afin de favoriser l’émergence et la capitalisation du savoir. Un modèle particulièrement présent dans des pays tels que la France, où notre Président proclamait « travailler plus pour gagner plus » il y a moins de deux ans. Nous devons nous rendre à l’évidence, tous nos efforts pour faciliter l’adoption de l’Enterprise 2.0 doivent non seulement prendre en compte des résistances structurelles, mais aussi les nombreux artefacts culturels d’une ère révolue.

La plupart des employés ont changé de paradigme sans effort, passant du « travail en tant que valeur » au « travail en tant que création de valeur », parce que cela correspond tant à leur expérience quotidienne de consommateur qu’à leurs attentes actuelles dans le monde du travail. Mais les managers se trouvent face à un bien plus grand challenge, alors qu’ils rempplissent  de moins en moins un rôle traditionnel (pré économie du savoir) de manager d’équipe, mais sensés considérer le management en tant que transformation de valeur. Ceci peut sembler évident, vu du haut de notre position de héraut de l’Enterprise 2.0, mais nous devons conserver cet écart organisationnel et comportemental : de gardiens des processus de l’entreprise, les managers doivent à présent mettre dynamiquement à contribution le savoir pour le transformer en avantages compétitifs pour leur entreprise ; une gageure pour la plupart d’entre eux.

De plus, en apportant une plus grande agilité, l’adoption d’outils et de plateformes collaboratives, qu’ils soient ou non utilisés dans le cadre des processus en place ou non, donne naissance à un nouveau genre de leadership, combinant l’émulation de la connaissance avec l’incitation aux connexions sociales. Les managers auront désormais le devoir de catalyser l’activité de groupes et de communautés internes, de les impliquer dans les processus de prise de décision et de maintenir leur équilibre intrinsèque, agissant en tant qu’attracteurs étranges d’un écosystème interne complexe.

De leur réelle capacité d’adoption de ce qui apparaît clairement comme un nouveau rôle, rôle requérant plus de qualités que jamais, dépendra le succès ou l’échec de nombreuses entreprises dans cette nouvelle économie socio-collaborative.

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