D’un siècle sans espoir naît un siècle sans crainte

logo_21esiecleJe n’ai pas pour habitude, sur ce blog, de présenter ou des commenter des livres. Certains, comme Cécil Dijoux sur #hypertextual, le font déjà brillamment. Si je fais aujourd’hui exception à la règle, en empruntant une citation d’Alfred de Musset pour le titre, c’est parce qu’il ne s’agit pas réellement d’un livre -il est néanmoins destiné à le devenir par la suite-, mais surtout parce que “Le 21ème siècle” (21emesiecle.quebec, auquel le gouvernement du Québec a fait l’honneur d’accorder le premier nom de domaine en .quebec), co-écrit par Michel Cartier et Jon Husband, nous offre un ensemble de clefs fondamentales pour la compréhension des transformations qui agitent l’ensemble de nos sociétés occidentales.

La partie immergée de l’iceberg digital

Il n’est pas de jour sans que l’on entende parler du digital, et de la manière dont la technologie impulse la modification de nos comportements les plus banaux, emportant dans son sillage le monde du travail, l’organisation des entreprises et les modèles économiques. Pour les auteurs du “21ème siècle”, cette mutation technologico-économique, qu’ils traitent d’ailleurs en détail, n’est qu’une des facettes d’un changement plus radical, d’une véritable rupture facilitée par la digitalisation de l’information et véhiculée par l’internet, vers un Nouveau Monde, qui, selon leurs mots, “pourrait devenir une société de la connaissance”.

Dans la lignée de Marshall McLuhan, qui a décrit dans “La Galaxie Gutenberg” et dans “Pour comprendre les médias”, l’évolution de l’influence des médias sur notre perception du monde, Cartier et Husband démontrent que le passage que nous vivons, de l’ère de l’écrit à celui des “images-écrans”, nous propulsent dans un monde entièrement différent. En passant d’une relation au savoir essentiellement narrative à une relation immersive, et donc émotionnelle, notre vision de la réalité se transforme.

Si, pour Manuel Castells, la montée en puissance des réseaux, des technologies nomades, et d’une culture marquée par l’hédonisme, sont concomitants, pour les auteurs du “21ème siècle”, ces facteurs sont tous trois liés à la transformation de notre manière de recevoir, de traiter et de réagir à l’information dans laquelle nous baignons. L’idéologie économique qui, pour Guy Debord, était étroitement liée à un modèle de consommation de masse, et qui prévalait dans l’ère industrielle, est en train de basculer au profit d’un monde où l’individu, à la fois hyper-connecté et isolé, favorisera la recherche d’un bien-être collectif. Un basculement qui se fait à la fois sur le plan technologique, économique et sociétal.

Des pistes pour une société de la connaissance

Michel Cartier et Jon Husband ne prétendent pas donner de réponse aux défis que nous pose cette transformation. “Nous sommes devenus des voyageurs sans carte et sans boussole”, écrivent-ils. Il n’en demeure pas moins que “Le 21ème siècle” apporte un éclairage fascinant et puissant sur la période de transition que nous sommes en train de vivre. Partant de la nature nouvelle de l’information, le site présente ensuite la manière dont cette information est traitée, véhiculée, puis diffusée, pour ensuite en aborder les aspects économiques et sociétaux, posant à chaque étape des questions fondamentales pour lesquelles il n’existe encore à ce jour pas de réponse satisfaisante. Il s’agit là d’un ouvrage foisonnant, passionnant, dans lequel je ne peux que vous conseiller de vous plonger sans délai. La biobibliographie qui accompagne chaque section représente, à elle seule, une bibliothèque idéale pour “l’honnête homme” du vingt-et-unième siècle.

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