Franchir le mur de la réalité (social business style)

Un tweet de Bertrand Duperrin, pendant l’Entreprise 2.0 summit qui vient de se tenir à Paris, m’a interpelé.

2014 will be the year #socbiz will fork. Idealists on one side, productivists on the other

Nous savons tous (ou devrions savoir) que toute initiative “sociale” devrait commencer autour d’un problème business concret, tangible, à résoudre. “Vendre du social business”, quels que soient les outils qui seront mis en place, requiert une réelle compréhension du problème à résoudre, ainsi que des forces et faiblesses en présence. Cela va de pair avec la nécessité absolue de changer la manière dont les entreprises pensent que le travail se fait pour l’aligner avec celle dont il se fait vraiment: de manière collaborative, tout au long d’interactions et d’itérations ad hoc, au cours d’allers-retours successifs entre des interlocuteurs qui n’ont souvent qu’une vision partielle du problème à résoudre. Cela va également de pair avec la promesse de plus d’efficience, d’une meilleure performance opérationnelle. Cependant…

Cependant, une fois que l’entreprise a décidé de franchir le Rubicon, la réalité se rappelle à elle. Certaines parties prenantes essentielles ne peuvent utiliser les technologies nécessaires à cause de règles de firewall spécifiques ou d’un environnement légal strict. La norme ISO 9xxx interdit à certains utilisateurs l’accès (voire la visibilité) à certains documents importants. La messagerie vidéo est rendue impossible à cause de la faible bande passante disponible. Les salles destinées au comité de pilotage ne sont disponibles que le jeudi entre 9 et 11h. Les réunions ne peuvent pas être enregistrées, annihilant les efforts investis dans la préparation d’une série de webinaires. Certains managers, ne voyant pas la valeur qu’ils pourraient retirer de l’initiative, bloquent le plan de communication. Cette liste pourrait continuer à l’infini, et quiconque a travaillé dans une grande entreprise est capable de la compléter avec sa propre expérience. Bien sûr, tout cela aide les consultants qui peuvent ainsi facturer de nombreux jours de conseil destinés à éviter ces pièges, mais cela montre surtout à quel point nos entreprises dysfonctionnent.

Vous me traiterez peut-être d’idéaliste, mais lorsque les rotules d’un homme ont été usées par le port continu de trop lourdes charges, les remplacer par des prothèses de haute technologie n’est pas une solution. Lorsque les entreprises deviennent trop grosses pour se souvenir qu’elles sont avant tout une affaire d’hommes et de femmes, que la technologie, les processus, et même les structures organisationnelles sont des facilitateurs, la société est en danger. Les efforts des productivistes pour changer cette réalité ressemblent trop à un nouveau paradoxe de Zénon; le changement incrémental ne nous emmènera pas au-delà de la triste réalité que nous observons chaque jour: derrière le pauvre constat de ce que le travail représente pour beaucoup de nous, pensez à l’épuisement des ressources naturelles, au mépris de la créativité et de la bonne volonté humaines, à la disparité grandissante en terme de richesse… Le temps est venu de non seulement repenser la manière dont nous travaillons, mais la nature et la finalité de l’entreprise. Il est temps de réintroduire, comme le disait hier John Wenger, la sociologie et la psychologie dans notre approche. Il est temps de franchir le mur de la réalité, d’aider les entreprises lucides à devenir des Wirearchies ou des Organisations Légères.

Cela va être un long voyage, bien sûr. Mais la voie est à présent ouverte, aujourd’hui des guildes telles que Change Agents Worldwide ou Corporate Rebels United existent pour nous aider à tracer la route pour les autres. J’aurais aimé les avoir à mes côtés il y a quelques années. Comme l’a dit Anatole France: “Pour accomplir de grandes choses il ne suffit pas d’agir, il faut rêver; il ne suffit pas de calculer, il faut croire“.

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Breaking the reality barrier (social business style)

A tweet from Bertrand Duperrin, during the just finished Enterprise 2.0 Summit in Paris, ringed a bell in my head.

2014 will be the year #socbiz will fork. Idealists on one side, productivists on the other

We all know (or should know) that any social initiative should start with a concrete, tangible business problem to be solved. “Selling social”, whichever the tool that will be used, requires a thorough understanding of the problem to solve and of the weaknesses and strengths in presence. It comes with the impervious necessity to change the way companies believe work is done to align it with how work is really done: collaboratively, along the path of ad hoc interactions and iterations, back and forth between stakeholders who often only have a partial view of the problem to be solved. It also comes with the premise of more efficiency, of better operational performance. Yet…

Yet, once a company crosses the Rubicon, the reality kicks in dreadfully. Some key stakeholders are unable to use the technology because of strict firewall rules or legal compliance. ISO 9xxx forbid users from seing some relevant content. Video messaging is riddled by the poor bandwidth available. War rooms are only available 9 to 11 on Thursdays. Meetings cannot be recorded, thus zeroing out efforts invested in the planning of a series of webinars. Some manager, who doesn’t see the value he could get from it, dismiss the communication plan. This list could go on forever, and everyone who has ever worked in a large company has some items to add. It certainly helps consultants in allowing them to contract many days of consulting services to raise flags around them, but it overall demonstrates how broken our organizations are.

You may perhaps call me an idealist, but when a man’s kneecaps are worned-out by carrying heavy loads for too long, replacing them with state of the art prothesis a weak solution. When businesses are getting too big too remember that they are all about people, that technology, processes, and even organizational structures are just enablers, the society is in trouble. Productivists’ efforts to change the reality by socializing (cough) it look too much like another Zeno’s paradox, as incremental change won’t drive us past the sad reality we are witnessing day after day: beyond the poor state of what work means for many of us, think of exhaustion of natural resources, demise of human creativity and willingness, growing disparity of wealth,… Time has come to rethink not only the way we work, but the purpose and nature of firms. Time to introduce, as John Wenger said yesterday, to introduce sociology and psychology in our approach and thinking. Time to break the reality barrier, to help leading conscious organizations toward Wirearchy or Thin Organizations.

It will be a long journey, for sure. But the path is now opened, as guilds like Change Agents Worldwide or Corporate Rebels United now exist to help us pave the way for others to follow and expand. I’d wished I had them by my side some years ago. As Anatole France once said: “To accomplish great things, we must not only act, but also dream; not only plan, but also believe.”

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Le business modèle brisé du business

business modèleJour après jour, nous sommes mis face à des preuves que notre société ne fonctionne plus. Plus que jamais, nous vivons à la limite d’une époque, sans savoir si l’équilibre instable actuel s’effondrera dans un cauchemar dystopique ou nous entraînera vers un monde meilleur. La révolution digitale nous permet un accès instantané à un océan sans fond ‘information, tout en tissant lentement autour de nous un panoptique virtuel global. La technologie, tout en permettant la création d’une véritable intelligence collective, accélère l’obsolescence de nombreux métiers. Le travail tel que nous l’entendons est en train de changer rapidement, mais poursuivons-nous le bon objectif ? Aujourd’hui, je suis plus dans le doute que dans l’assurance…

Changer le monde travail, telle est la promesse de beaucoup d’initiatives intéressantes. Le MIX (Management Innovation Exchange), co-fondé par Gary Hamel, a l’ambition de réinventer le management pour le 21ème siècle. Hacking Work, initié par Bill Jensen et Josh Klein dans leur livre, vise “l’innovation du business, un coup de canif après l’autre” (usiness Innovation, One Hack at a Time). Plus récemment, Stowe Boyd a lancé sa propre initiative, appelée Chautauqua, d’après le mouvement d’éducation adulte éponyme, populaire à la fin du 19ème siècle, tandis que Chris Heuer et Rawn Shah appellent tous deux à un rassemblement de Work Hackers. Pourtant, quelles que soient la pertinence et l’intelligence de ces initiatives, je reste mal à l’aise. Repenser le travail ne relève-t-il pas d’une approche trop entreprise-centrique ? Pouvons nous continuer à considérer la transformation de l’entreprise sans prendre en compte dans notre réflexion les millions de gens laissé pour compte par ce que nous appelons “emploi” ?

Ouvrir les portes

Au niveau micro, les initiatives actuelles semblent rester coincées derrière les murs des organisations-forteresses. Bien des discussions sur le futur du travail convergent sur la nécessité d’apporter de la fluidité et de la liberté dans notre façon de travailler. Cependant, au même instant, à l’extérieur de l’entreprise, en exceptant l’agriculture, le nombre de travailleurs indépendants se réduit d’année en année. Ne faudrait-il pas regarder le monde du travail dans une perspective plus large ? Chaque employé est aussi un client et un individu faisant partie de réseaux dans un monde hyper-connecté. Lorsque travail et vie privée sont de plus en plus inextricablement liés, il devient de moins en moins pertinent de considérer le travail en tant qu’activité distincte. Si nous voulons changer le monde du travail, il serait temps de considérer que “travailleur” est presque devenu aussi archaïque que “femme au foyer”, et de considérer que la force nécessaire au changement est déjà l’œuvre, mais en-dehors des frontières de l’entreprise. Le challenge ne réside pas tant dans la réinvention des fiches de poste, du travail en équipe ou de systèmes d’évaluation dépassés, que dans le fait de réconcilier notre manière de nous comporter sur notre lieu de travail et celle dont nous nous comportons chez nous. La force nécessaire à la transformation de l’entreprise existe, il suffirait pour l’activer d’ouvrir les portes.

Un business modèle brisé

Au niveau macro, l’économie réelle, l’échange global de produits et de services, est devenus le parent pauvre de l’économie, et ne représente plus que moins de 3% du montant total des échanges de devises. Dans un tel contexte, la plupart de nos tentatives pour transformer l’entreprise s’écraseront contre le plafond de verre de la valeur pour l’actionnaire. Tant que la seule règle du jeu restera maximiser la performance pour délivrer plus de profit sur le marché des capitaux, les entreprises ne changeront pas. L’implication des employés, par exemple, est un des piliers de cette transformation, mais dans quel but ? J’imagine que pour une personne répondant “pour apprendre mieux et plus vite”, neuf autres répondraient “pour être plus productifs”, dans un état d’esprit hélas typiquement industriel. Le travail n’est plus une ressource dans le mécanisme de production, mais une commodité dont le coût doit être optimisé.

Quelques Très peu d’entreprises ont réussi à développer une structure plus informelle et plus égalitaire, mais bien moins encore ont réussi à éviter de rentrer dans la logique capitaliste actuelle, concentrée sur la création de richesse pour les marchés financiers. Dans “The Business Model innovation Factory“, a donné cette définition d’un business modèle: “la manière dont une entreprise crée, délivre et capture de la valeur“. Le business, pris en tant qu’entité globale, capture bien plus de valeur qu’il n’en crée, que ce soient pour les entreprises elle-mêmes, pour ceux qui travaillent pour elles, ou pour la société dans son ensemble, et la délivre à travers des marchés spéculatifs. Comme l’écrivait Keynes:

“Alors que l’organisation des marchés d’investissement s’améliore, le risque de prédominance de la spéculation augmente également. Lorsqu’ils sont des bulles sur un mer d’entreprises, les spéculateurs ne font aucun mal. Mais la position devient sérieuse lorsque l’entreprise devient une bulle sur un tourbillon de spéculation. Quand le développement en capital d’un pays devient un sous-produit des activités d’un casino, il y a de grandes chances pour que le travail (su capitalisme) soit pris en défaut”.

En d’autres termes, plus encore que le travail, c’est le business modèle du business qui est brisé. Transformer le travail, dans cette optique, n’est rien d’autre qu’une tentative de redéfinir la manière dont le business, en tant qu’entité globale, délivre de la valeur. Par contre, les deux autres aspects d’un business modèles, la manière dont la valeur est créée et capturée, restent la plus part du temps ignorés.

Repenser la manière dont la valeur est créée et capturée

Pour redéfinir le business de manière durable, les entreprises devraient maintenant considérer comment, et pour qui, elles créent de la valeur. Considérer les individus, non seulement comme des travailleurs, mais comme les ressources principales dont elles doivent prendre soin, fait moins partie d’une redéfinition du travail que d’une évolution globale plus large du business vers ce que j’ai appelé des Organisations Légères. Sous bien des aspects, l’époque de Keynes est maintenant révolue, et avec elle la notion d’états-nations stables. Les entreprises devraient commencer à comprendre que leur pouvoir n’est pas uniquement économique, et à rendre à la société qui nourrit leur croissance. Le regain d’intérêt actuel dans les partenariats public-privépour le développement d’infrastructures civiles, et le développement de partenariats public-privé-communauté, qui permettent une approche plus holistique de la résolution de problèmes sociétaux tels que l’éducation ou la gestion de l’eau, sont tout sauf des coïncidences.

Le cœur du business, bien entendu, est le profit. L’économie réelle à besoin de capitaux au-delà de la simple transaction de biens et de services, afin d’assurer sa stabilité et sa croissance, au-delà de leur signification financière. Le problème est que ces capitaux sont aujourd’hui noyés au sein des échanges spéculatifs. La crise financière que nous vivons depuis à présent cinq ans a ouvert les yeux à beaucoup de gouvernements, qui reconnaissent que trop de spéculation met le système entier en danger. De la proposition de Paul Volker à la pression exercée par l’Europe sur les états de l’Union pour séparer les activités bancaires, et à l’initiative des législateurs Suisses, la plupart des pays occidentaux lancent aujourd’hui l’alerte.

Cependant, tout ceci ne protègerait l’économie que des distorsions causées par les outils financiers les plus sophistiqués, tels que les hedge funds ou le trading à haute fréquence, mais n’empêcherait pas les entreprises d’être instrumentées par leurs actionnaires, ni parfois même d’éprouver une forme de syndrome de Stockholm envers eux. Le monde serait sans doute différent si, comme me le disait Jon Husband au cours d’une interview pour le projet Future of [Collaborative] Enterprise,

“au lieu de devenir privé sur les marchés de capitaux par une entrée en Bourse, si Facebook avait décidé de devenir une sorte de collectif à but non lucratif, toujours de la même taille, fournissant une plateforme qu’un milliard de personnes puissent utiliser, mais sans essayer d’enrichir ainsi ses fondateurs et ses actionnaires. Cela aurait été quelque chose de réellement innovant pour notre société. Cela aurait été une plateforme pour une sorte d’évolution humaine sur la planète”.

Y a-t-il un remède à cette malédiction ? Il est bien trop tôt pour le savoir, mais soyons optimistes, certaines initiatives, telles que le mouvement B Corp, nous permettent d’entr’apercevoir une économie différente, plus durable. Les monnaies alternatives, également, pourraient fournir le cadre d’une économie qui ait du sens. Dans ce domaine, tout reste à inventer. Cela mènera-t-il vers des monnaies séparées pour l’économie spéculative, comme je l’ai suggéré dans un échange sur ce blog avec Susan Scrupski et Joachim Stroh, qui m’ont invité à rejoindre Change Agents Worldwide ? Qui sait. Une chose est cependant certaine, si nous voulons changer le monde du travail, nous allons devoir nous attaquer à l’ensemble du business modèle du business.

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The Broken Business Model of Business

business modèleEvery day, we can see new evidences that our society is broken. More than ever, we live on the edge of an era, without knowing if the present unstable equilibrium will collapse into a dystopian future or lead us to a better world. The digital revolution grants us instant access to informational cornucopia, while slowly weaving around us an universal virtual panopticon. Technology, at the very same time it allows the rise of collective intelligence, is accelerating the dawn of many professions. The landscape of work is rapidly shifting, but are we aiming at the right target? Today, I feel more assailed by doubt than filled with confidence…

Changing the way we work is a promise supported by many interesting initiatives. The MIX (Management Innovation eXchange), ignited by Gary Hamel, has the ambition to reinvent management for the 21st century. Hacking Work, initiated by Bill Jensen and Josh Klein in their book, aim at “Business Innovation, One Hack at a Time” More recently, Stowe Boyd has launched his own effort, named Chautauqua from the eponymous adult education movement popular in the end of the 19th century, while Chris Heuer and Rawn Shah both call for a gathering of Work Hackers. Yet, as empowering and insightful these initiates are, I still feel a bit uneasy with them. Isn’t redesigning work too much of a company-centric approach? Can we keep on considering organizational reengineering without taking into account the millions of people left aside by what we call “employment” in our thinking?

Opening the doors

At the micro level, present initiatives seem stuck inside the walls of organizational strongholds.Many discussions around the future of work converge on the necessity to allow for more fluidity and freedom in the way work is done. Yet, in the meantime, outside of organizations, agriculture excepted, freelance work is declining year after year. Shouldn’t the world of work being looked at from a wider perspective?. Each worker is also a customer and a networked individual in a hyper-connected world. As work and life get more and more interwoven, considering work as a distinct activity becomes less and less sustainable. If we want to change the world of work, it is time to consider that “worker” is now getting as obsolete as “housewife”, and to consider that the power to change the game is already at work, but outside companies’ boundaries. The challenge isn’t that much about reinventing job descriptions, teamwork or outdated evaluations systems than about reconciling the way we behave inside the workplace and the one we behave at home. The outside-in force to transform business is here, if only organizations open their doors.

A broken business model

At the macro level, the real economy, the global exchange of products and services, has become a poor man’s economy, representing less than 3% of the total amount of foreign exchange transactions. In such a context, most of our attempts to transform organizations will break against the glass ceiling of shareholder value. As long as maximizing performance to deliver more profit for capital markets will be the (only) name of the game, organizations will stay the same. For instance, employee engagement is a generally accepted pillar of the needed transformation, but for which outcome? I guess that for anyone who will answer “to learn better and faster”, nine others would say “to be more productive”, with a typical industrial bias. Work is no more an asset in the production mechanism, but a commodity for which cost has to be optimized.

Some Few organizations have succeeded in developing more egalitarian and informal structures, but even fewer have avoided the present capitalist logic, geared toward wealth creation for financial markets. In The Business Model Innovation Factory, Saul Kaplan gave this definition of a business model: “the way an organization, creates, delivers and captures value.” Business, as a whole, captures much more value than it creates, wether it be for organizations themselves, for the individuals working for them, or for the society at large, and delivers it through speculative markets. As Keynes wrote:

“As the organization of investment markets improves, the risk of the predominance of speculation does however increase. Speculators do no harm as bubbles on a sea of enterprise. But the position is serious when enterprise becomes a bubble on a whirlpool of speculation. When the capital development of a country becomes the by-product of the activities of a casino, the job (of capitalism) is likely to be ill done.”

In other words, even more than work, the business model of business is broken. Fixing work, under this lighting, is no more than an attempt to redefine the way business, as a whole, delivers value. Yet, the two other aspects of a business model, how value is created and captured, remain mostly ignored.

Rethinking how value is created and captured

To redefine business in a sustainable way, organizations should now consider how, and for who they create value. Considering individuals, not only as workers, but as the main resources they have to take care of, is less part of work redefinition than of a larger global evolution of business toward what I have called Thin Organizations. Under many aspects, Keynes’ era is now bygone, and with it the notion of stable nation-states. Businesses should now begin to understand that the power they have is not only economic, and give back to the society which seeds their growth. The regain of interest in public-private partnerships for the development of civil infrastructures, and the rise of the newer public-private-community partnerships, which take a more holistic approach to societal problem solving such as education or water management, are by no mean a coincidence.

The nexus of business, of course, is profit. The real economy needs capital beyond the simple transaction of goods and services, in order to ensure stability and growth beyond its financial signification. Problem is, this capital is now drowned into the speculative game. The financial crisis we are living for five years now has opened the eyes of many governments, which recognize that too intense speculation puts the whole system at risk. From Paul Volcker’s proposal to European pressure on EU states to separate banking activities, and to Swiss present SVP lawmakers effort, most Occidental countries are today blowing their whistle.

Yet, this would only protect the economy to be biased by the use of the most sophisticated financial tools, such as high-frequency trading and hedges funds, but wouldn’t keep organizations away from being instrumented at shareholders’ will, and sometimes even to exhibit some sort of Stockholm syndrome toward them. The world would be quite different if, as Jon Husband told me during an interview for the Future of [Collaborative] Enterprise project,

“instead of going private on to the capital markets through an IPO, if Facebook had decided to create itself as some sort of not-for-profit collective, still of the same size providing a platform that a billion people can use, but without trying to enrich its founders and its shareholders in the same way. Now that would have been something really innovative for our society. It would have been a platform for some kind of evolution of humans on the planet.”

Is there a cure for the curse? It is way too soon to know, but on the optimistic side, some initiative, such as the B Corp movement, are giving us a glimpse of a different, more sustainable, economy. Alternative currencies, too, might provide a framework for a purposeful economy. In this field, everything is still to be invented. Would this lead to separate currencies for the speculative economy, as I suggested in an exchange on this blog with Susan Scrupski and Joachim Stroh, who invited me to join Change Agents Worldwide? Who knows… Fact is, if we really want change the world of work, we will have to tackle the full business model of business.

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The Stopcock and the New Economy

A new local sharing economyFor once, I would like to tell you a little story. When, my wife and me, we arrived the other day at our country house, we found a little letter from our water supply company in the letterbox. It merely said that, having been unable to read the meter for several years, they had cut water supply. The water meter, which is located inside the garden, thus behind a closed gate, is usually read once a year. Before we met, my wife lived there for several years, but we now occupy the house only for weekends and some holidays. Needless to say, we keep on consciously paying the monthly bill based on the last meter reading, and, frankly, as our water consumption seriously decreased, I guess that the water company owes us a bunch of money back.

The problem is the company’s representatives never work on Saturday, and there is no way to communicate the index remotely or by whatever other method conceivable: online, by phone, by mail or by carrier pigeon. Furthermore, meter reading is usually done in July, when many people are away from home. Access to water being an inalienable right, French law provides the obligation to provide people who don’t pay their bill with a limited access; yet, there is no such a law for the inability to read the meter for two consecutive years, so they just cut the water supply.

July was really hot here, and since we had no way to wash dishes or take a shower, we decided to live the place. The house is located in a small village, where everyone more or less knows each other, and my wife was also member of the City Council while she lived there all year round. On our way back, we passed by the village hall, in front of which stood the mayor and some other people. We stopped to say hello, and told them our stupid story. “So you paid the bill?”, said the mayor, “it’s crazy that they cut the water supply. Don’t worry, we have the wrench to open the stopcock. Wait for me, I’ll open it for you.” A few minutes later, he was back with a huge T-shaped wrench, and water was soon able to flow again…

A tidal wave called life

This little story, I guess, perfectly illustrates today’s world and the environment we all live in. On one side, organizations, crippled with rigid operational procedures and abstract business processes, are losing grasp of their customers’ behaviors, needs and expectations. On the other side, we are more and more organizing into informal local networks, overcoming the structural deficiency of the organizations supposed to provide us with the basic services we rely on (think of banks, energy supply, telcos, real estate, transportation; think of governments, public agencies; think of the latest customer service hell you experienced). We connect, interact, borrow, share, help each other according to our capabilities and goodwill. Local communities are the new black, as Jon Husband just commented on Facebook. They are our answer to the uncertainty and complexity of the world we live in. In fact, they always were. From immemorial ages, people have gathered into tribes to survive into hostile environments. While social media adds a new, global and instantaneous, dimension to our need of belonging, it yet only represents the foam of a deep and seething phenomena: a tidal wave called life.

Many organizations have grown in a world of certainty and regularity which doesn’t fit ours any more. Most business behaviors are still built for an era of standardized consumption and predictable growth. Productivity, competitiveness, profitability, all these words which govern the corporate realm, have a strong flavor of linearity which is no more relevant in our tomorrow-is-really-another-day age. Blindfolded by their own survival, many organizations have lost contact with the real world, and the gap is widening between the way they operate and the way their customers live. Not only is this behavior a structural fallacy, but it is also an economical suicide. Millions, if not billions, are wasted everyday on useless and nonsensical procedures; in my little story, we were charged for the intervention of the representative who closed the stopcock, but the fine hardly covered the time spent (he surely had to look for the stopcock, hidden into vegetation, for a while), the gas burnt and the depreciation of the car, it was clearly a lose-lose situation.

Local communities, not customers

Customer experience and big data are becoming hot topics, meaning that organizations are beginning to realize that things are getting wrong. Alas, they are still trying to feed new insights into old mechanisms: behavioral targeting is much less about behaviors than it is about targeting, and social media is merely a new fancy route to customer service hell. For sure, businesses know their customers better and better, as we are leaving more and more footprints online, and as the technology required to correlate all this data is at our disposal. But is knowing the same as… understanding? Definitely not.

One doesn’t learn cabinetmaking in a book. Like with any craft, you have to watch a cabinetmaker working, to talk with him, to try by yourself under his supervision, to fully understand what he does and why he does that. The same holds true with customers. To understand them, organizations will have to walk with them to learn what jobs they are trying to get done. Most businesses have to redesign the way they conceive and think of service, to connect back to the real world and provide their customers with meaningful products and services. As recently wrote Helen Clarkson, Director of the Forum for the Future:

“But overall we know that our current economic paradigm is not sustainable. That’s why at Forum we talk about creating #theBIGshift – a change to a new paradigm. This means finding ways for the washing machine manufacturer to find a sustainable business model (leasing the machines and being the recipient of my quarters, for example) rather than panic and send out the salesmen.”

But, albeit necessary, this alone isn’t sufficient. Our present view of the rise of a new sharing economy is still tainted with precepts from the past. Instead of thinking about customers, we should start to think about the local communities which form to compensate for businesses’ inability to adapt to their customers’ expectations. Instead of selling, renting, or whatever-business-modeling TO them (old marketers’ reflex die hard), businesses should reshape themselves into thin organizations, in order to build business WITH them. What if, instead of wasting money because of obsolete procedures, our water providing company had delegated to local governments the power to turn supply on and off? What if, instead of considering local communities as customers, organizations begin to support them actively, considering them as active stakeholders of a more sustainable economy?

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